Les lectures d’Aurélia #1 : Une certaine idée de l’Inde, Alberto Moravia, Arléa

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L’avis d’Aurélia
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Une certaine idée de l’Inde, Alberto Moravia, Arléa

Traduit de l’italien par Ida Marsiglio

En 1961, Alberto Moravia entreprend un voyage en Inde en compagnie d’Elsa Morante, sa femme, et de leur ami Pier Paolo Pasolini. De ce voyage, la littérature gardera deux livres complémentaires et éblouissants : L’odeur de l’Inde, de Pier Paolo Pasolini, et Une certaine idée de l’Inde, d’Alberto Moravia.

L’inde étonne, révolte, fascine… et voyager en Inde est une expérience de tous les instants, un apprentissage…

Pour ceux qui partent, pour ceux qui en reviennent, Moravia saisit avec justesse la force d’un pays, par-delà la violence du choc culturel. « L’Inde n’est pas un beau pays comme peut l’être l’Italie, par exemple, ni typique, comme le Japon : l’Inde est un continent, dont l’intérêt majeur réside dans le facteur humain. »

Tous les repères esthétiques, philosophiques, ou religieux du voyageur européen se perdent à travers l’extravagance de ce sous-continent, où l’on se baigne dans l’eau du Gange, où la nuit sur les trottoirs et dans les rues, des corps à même le sol semblent plongés dans un sommeil improbable, … la physionomie elle-même se découvre de nouveaux possibles ; le laid et le beau fusionnent.

Face à ce foisonnement de tout, sens, hommes, dieux, animaux à le fois malingres et sacrés, morts en décomposition ou vivants précaires, Moravia a recours à sa raison pour faire sens, comprendre, expliquer.


Le lecteur partage ses réflexions qui entrent en résonance avec des instants de vie, des images, des rencontres. « L’inde est le pays des choses inouïes qu’on regarde à trois fois en se frottant les yeux …ce pays des choses qui existent et qui n’existent pas, qui vont et qui viennent… »

Moravia nous livre ainsi le récit de son voyage, alimenté de ses recherches et de ses réflexions. Il retranscrit ses entretiens avec Nehru avec une analyse fine des causes de la pauvreté et osant dénoncer le système des castes. Enfin, il décrit aussi avec une élégance certaine l’immensité et la douceur des paysages, et laisse à partager, ses visites et ses rencontres.

Et c’est alors qu’au-delà de la chaleur, des odeurs, surgissent des instants de grâce, de communion, de tranquillité et presque de joie, dont on ne sait comment ils naissent à la faveur d’un évènement ou d’un visage.

« L’Inde est une conception de la vie. »

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