Kilian Jornet gravit sommet de l’Everest en 26h

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Kilian Jornet a atteint en solitaire le sommet le plus haut du monde (8 848 m d’altitude), sans utiliser de cordes fixes et d’une seule traite.

Avec cette ascension, effectuée dans le cadre de son projet Summits of My Life, il a établi un nouveau temps de référence de 26h depuis le camp de base de l’Everest, à 5 100 m, jusqu’au sommet, à 8 848 m.

En raison de maux d’estomac, Kilian n’a pas effectué la descente jusqu’au camp de base et récupère actuellement au camp de base avancé, à 6 400 m.

« Je me suis senti très bien jusqu’à 7 700m, j’avançais conformément à ce qui était prévu, puis j’ai commencé à me sentir moins bien, probablement à cause d’un virus à l’estomac. À partir de là, j’ai avancé beaucoup plus doucement, en m’arrêtant régulièrement pour récupérer. J’ai finalement atteint le sommet à minuit. », a expliqué Kilian.

 

Barcelone, 22/05/2017 – Kilian Jornet a atteint le sommet de l’Everest à minuit, heure locale, dans la nuit du 21 au 22 mai. Il n’a utilisé ni oxygène ni cordes fixes et a effectué l’ascension d’une seule traite. Avec cette ascension, Kilian Jornet établit le « temps le plus rapide connu » (de l’anglais Fastest Known Time) ou, ce qui revient au même, un nouveau temps de référence. Parti du camp de base de l’Everest, situé au niveau de l’ancien monastère de Rongbuk (5 100 m), il lui aura fallu 26 heures pour atteindre le sommet situé à 8 848 m d’altitude.

Il a emprunté la voie normale tibétaine, située dans la face nord la plus haute du monde. Kilian Jornet a quitté le camp de base de l’Everest (5 100 m) à 22h, heure locale, le 20 mai (+5 : 45 GMT).

Il était de retour au camp de base avancé (6 500 m) à 12h15 heure locale, le 21, et il confirmait alors avoir atteint le sommet à minuit, 26 heures après le début de son ascension. Généralement, les expéditions ont besoin de quatre jours pour atteindre le sommet depuis le camp de base avancé.

38 heures après son départ, en arrivant au camp de base avancé, il explique :
« Je me suis senti très bien jusqu’à 7 700m, j’avançais conformément à ce qui était prévu, puis j’ai commencé à me sentir moins bien, probablement à cause d’un virus à l’estomac. À partir de là, j’ai avancé beaucoup plus doucement, en m’arrêtant régulièrement pour récupérer. J’ai finalement atteint le sommet à minuit. »

En raison de cette indisposition, Kilian Jornet a décidé de conclure son challenge en s’arrêtant au camp de base avancé et non au camp de base de l’Everest, situé au niveau de l’ancien monastère de Rongbuk, comme c’était prévu initialement.

Cette ascension boucle le projet Summits of My Life qui, depuis 2012, a amené Kilian Jornet à se déplacer dans le monde entier en essayant d’établir des records de vitesse sur les montagnes les plus célèbres du monde. Il a démarré avec la chaîne du Mont-Blanc en 2012, et il a atteint depuis plusieurs sommets en Europe (mont Blanc et Cervin), en Amérique du Nord (Mc Kinley) et en Amérique du Sud (Aconcagua).

Pour le challenge de l’Everest, Kilian Jornet était accompagné de Sébastien Montaz-Rosset, guide de haute montagne et caméraman de l’expédition.

Au sommet de l’Everest en 26h

Les météorologues avaient annoncé une fenêtre de beau temps pour les 20 et 21 mai. Kilian Jornet a choisi la date du 20 mai pour relever son défi. Il est parti du camp de base de l’Everest, situé au niveau de l’ancien monastère de Rongbuk, à 5 100 m.

Son objectif était d’atteindre le sommet d’une seule traite, sans utiliser d’oxygène ni de cordes fixes et avec le minimum de matériel possible. Finalement, après avoir observé les conditions des différents itinéraires, il a choisi de tenter l’ascension par la voie normale.

Il a déclenché son chronomètre à 22h, heure locale (+5 : 45 GMT). De là, il lui restait 15,2 km à parcourir sur la moraine du glacier pour arriver au camp de base avancé (également appelé ABC, à 6 400 m). Il lui a fallu 4h35 pour relier les deux points et il est arrivé au camp de base avancé à 2h35 du matin. Une fois arrivé, il s’est reposé pendant deux heures pour pouvoir poursuivre son ascension.

Il expliquait alors : « Pour avoir la possibilité d’atteindre le sommet, il est important d’arriver frais à 8 000 m. Je savais donc que je devais avancer régulièrement dans la première partie pour garder des forces pour la partie finale. » Kilian Jornet avait laissé une partie de son matériel technique au camp de base avancé, qu’il avait emmené pour faire face à la partie la plus technique de l’expédition à 4h30 du matin.

Quittant le camp de base avancé, il a attaqué la montée et traversé le camp 1 à 7 000 m. Il était près de 6h30 du matin lorsqu’il est arrivé, 8 heures après son départ. De là, il lui restait à monter jusqu’au camp 2, entre 7 600 m et 7 800 m. Seb Montaz l’attendrait là : il allait le filmer pendant son ascension puis redescendre au camp de base avancé pour communiquer sa situation.

Kilian, de son côté, a poursuivi son ascension. À partir de 7 500 m, il a commencé à se sentir moins bien et à ressentir des maux d’estomac. Il a donc décidé de s’arrêter 15 minutes au camp 3 (8 300 m) pour se reposer. Il explique : « Je ne me sentais pas très bien et j’avançais très lentement. J’étais obligé de m’arrêter tous les 2 ou 3 mètres, avec des vomissements et des crampes. Je me sentais bien malgré tout en altitude et j’ai décidé de continuer. »

Kilian est arrivé au sommet à minuit, 26h après son départ. La nuit était claire, sans nuage ni vent, et Kilian explique : « Monter au sommet de l’Everest sans cordes fixes n’est pas quelque chose que l’on peut faire tous les jours ! J’ai vu un coucher de soleil spectaculaire et je suis arrivé à minuit au sommet. J’étais tout seul mais je voyais les lumières des frontales des expéditions qui démarraient leur ascension sur les deux versants. J’ai tout de suite commencé à descendre, pour arriver le plus rapidement possible au camp de base avancé. »

Avant cela, il allait toutefois s’arrêter à nouveau pendant une heure au camp 3 pour se reposer, avant d’attaquer la dernière partie de la descente. Il est ainsi arrivé à nouveau au camp de base avancé à 12h15, heure locale, 38h après son départ. En raison de son indisposition, Kilian Jornet a décidé de conclure son challenge en s’arrêtant au camp de base avancé et non au camp de base de l’Everest, situé au niveau de l’ancien monastère de Rongbuk, comme c’était prévu initialement.

De son côté le caméraman Seb Montaz a suivi Kilian pendant une partie de son challenge. Il a quitté le camp de base avancé à 3h20 du matin et il est monté jusqu’à 7 500 m pour attendre Kilian et faire des images de son ascension et des camps d’altitude de l’Everest. Il est monté jusqu’à 8 020 m pour filmer. À partir de là, il est redescendu au camp de base avancé pour attendre le retour de Kilian, puis est monté de nouveau à 7 000 m pour l’attendre. Une poignée d’heures dans la montagne également pour ce guide de haute montagne reconverti en caméraman. À partir de ce moment-là, Kilian Jornet et Seb Montaz sont restés au camp de base avancé pour récupérer après leur journée titanesque.

La deuxième tentative était la bonne

En septembre 2016, Kilian Jornet a effectué une première tentative sur la montagne la plus haute du monde. Pourtant bien acclimatés et bien entraînées, Kilian et ses compagnons n’avaient pu faire aucune tentative d’ascension, en raison de conditions météorologiques très difficiles. Cette année, ils ont choisi de changer de saison et ont fait le voyage au printemps. Les conditions météorologiques ont été relativement favorables pour l’équipe, qui a pu s’acclimater dans de bonnes conditions et se préparer à l’ascension.

Une acclimatation rapide pour être plus efficaces

Avant l’Everest, Kilian Jornet avait passé deux semaines sur un autre 8 000, le Cho Oyu (8 200 m). L’objectif de l’expédition était de bien se préparer pour l’Everest tout en essayant un nouveau type d’acclimatation, comme il l’explique : « En quatre semaines, nous avons fait deux sommets de plus de 8 000 m, ce qui semble indiquer que notre acclimatation a été bonne. Nous nous sommes entraînés en hypoxie pendant quelques semaines et nous sommes allés nous acclimater dans les Alpes avant de venir. Ce type d’acclimatation express semble fonctionner et le corps se fatigue moins. Cela permet d’être plus fort le jour du sommet. »

Kilian est arrivé le 10 mai dernier au camp de base de l’Everest, situé à 5 100 m. Il a choisi le versant nord de la montagne, qui est le moins fréquenté. Le lendemain de son arrivée, il est monté jusqu’au camp de base avancé, à 6 400 m, pour poursuivre son acclimatation, puis est monté jusqu’à 7 600 m le jour suivant. En redescendant du camp de base avancé, il expliquait : « Je me sens très bien, j’ai de très bonnes sensations en altitude, je crois que nous faisons une bonne acclimatation. »

Le dimanche 14 mai a été consacré au repos avant le dernier entraînement important du 15 mai. Ce jour-là, depuis le camp de base avancé, à 6 400 m, Kilian a fait un aller-retour à 8 400 m en un peu moins de 9h. Son objectif était d’une part, de s’acclimater, et d’autre part de voir comment était le terrain. En montant, il s’est rapidement rendu compte qu’il ne serait pas possible de monter par le couloir Norton ou le couloir Hornbein comme il avait prévu de le faire au départ ; il y a avait beaucoup trop de glace dans la voie et cela aurait pu être dangereux. Le 17 mai, Kilian Jornet est redescendu au camp de base pour se reposer : sa période d’acclimatation était terminée. Il ne lui restait plus qu’à attendre une fenêtre de beau temps pour pouvoir tenter le sommet.

Temps de passage cumulés

  • Camp de base de l’Everest (5 100 m) – Camp de base avancé (6 400 m) : 4h35
  • Repos de 2h au camp de base avancé
  • Camp de base avancé (6 400 m) – Sommet (8 848 m) : 26h (repos de 15 min au camp 3 à la montée et de 1h à la descente)
  • Sommet (8 848 m) – Camp de base avancé (6 500 m) : 38h
  • Camp de base avancé (6 500 m) – Camp de base de l’Everest (5 100 m)

Summits of My Life est le projet personnel de Kilian Jornet, par lequel il a tenté d’établir les records d’ascension et de descente des montagnes les plus importantes de la planète et qui a culminé avec la double ascension de l’Everest.

Le projet est étroitement lié à des valeurs et à une approche pure et minimaliste de la montagne. Les expériences vécues dans chaque défi vont être présentées en différents films.

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Fondateur du site Un Monde d'Aventures, je suis un passionné des grands espaces sauvages et des mondes polaires. J'ai réalisé plusieurs raids autonomes au Groenland et en Laponie. J'aime partager ma passion à travers ce site. Voir tous les articles écrits par François - En savoir plus sur François

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