Qui n’a pas entendu parler du récit de Sylvain Tesson « Dans les forêts de Sibérie » ?
Si comme moi, vous n’avez pas encore eu l’occasion de le parcourir, quelques lignes pour vous convaincre de sauter le pas… pour le lire ou pour suivre une expérience similaire.
De février à juillet 2010, Sylvain Tesson s’est installé à l’aube de ses 40 ans dans une isba isolée dans une clairière de cèdres, sur les rives du lac Baïkal. Il n’emporte avec lui que quelques ravitaillements, des livres, des cigares et de la vodka !!!
Il avait découvert cette région de Sibérie 7 ans auparavant. Sa principale motivation : mener une existence simple et observer la nature.
Pendant 6 mois, il tient son journal, permettant d’observer les évolutions au fil des mois :
- Février : la forêt
- Mars : le temps
- Avril : le lac
- Mai : les bêtes
- Juin : les Pleurs
- Juillet : La Paix
A travers la description des paysages, le récit de son quotidien ainsi que les nombreuses références littéraires et citations, Sylvain Tesson nous fait partager son expérience, ses rencontres et ses différentes réflexions.
Comme la plupart des carnets de bord, il réunit beaucoup d’idées différentes. Chacun retiendra dans ce livre ce qui le touche le plus. Je conseillerais de ne pas le lire d’une traite cet ouvrage, mais de le consulter de temps en temps, comme on le ferait avec un recueil de poésie posé sur sa table de chevet.
Quelques extraits pour donner une idée de ce livre qui pourrait être résumé par une solitude immense, un froid glacial, un soupçon de visites et une rasée de vodka :
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« Une fuite, la vie dans les bois ? La fuite est le nom que les gens ensablés dans les fondrières de l’habitude donnent à l’élan vital. Un jeu ? assurément ! Comment appeler autrement un séjour de réclusion volontaire sur un rivage forestier avec une caisse de livres et de raquettes à neige ? Une quête ? Trop grand mot. Une expérience ? Au sens scientifique, oui. La cabane est un laboratoire. Une paillasse où précipiter ses désirs de liberté, de silence et de solitude. Un champ expérimental où s’inventer une vie ralentie. »
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« Je vis aussi au royaume de la prévisibilité. Chaque jour s’écoule, miroir de la veille, esquisse du lendemain. Les variations des heures jouent sur la coloration du ciel, les allées et venues des oiseaux et milles nuances à peine perceptibles. Lorsque le monde des hommes n’envoie plus de signal, une teinte nouvelle sur le plumeau des cèdres, un reflet dans la neige deviennent des évènements considérables. Je ne mépriserai de ceux qui parlent de la pluie et du beau temps. Toute considération sur la météorologie a une dimension cosmique. Le sujet n’est pas moins profond qu’un débat sur l’infiltration de l’ISI pakistanais par les salafistes. L’imprévu de l’ermite sont ses pensées. Elles seules rompent le cours des heures identiques. Il faut rêver pour se surprendre. »
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« La forêt ne juge personne, elles impose sa règle. Elle dispense sa fête annuelle à la fin du mois de mai : la vie revient et les taillis se gonflent d’une fièvre électrique. En hiver, on ne s’y sent jamais seul : le cri d’un corvidé, la visite des mésanges et la trace des lynx dissipent l’angoisse. En cas de mélancolie, il suffit de penser à ce beau principe de régénération : les arbres meurent, tombent et pourrissent. Et sur l’humus, qui est la mémoire de la forêt, d’autres arbres naissent et commencent pour un siècle ou deux leur ascension vers le ciel. »
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Eve
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