L’aventure comme art de vivre. Embarquez avec Sylvain Tesson et Thomas Goisque pour vingt-cinq ans de chevauchées autour du monde : une rafale d’oxygène et de liberté !
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Premier extrait du livre
» Qu’est-ce qui pousse un jeune homme de constitution ordinaire et d’éducation classique à s’asseoir un jour au guidon d’une motocyclette et à ne jamais plus rien désirer d’autre que d’avaler les kilomètres, torse immobile, regard perdu, la poignée des gaz enfoncée – à fond, vers l’horizon ? Il y a dans le voyage à moto une réminiscence des vieilles chevauchées que la modernité, et ses lois cadastrales, a interdit. On trouve à peu de frais, assis sur la selle d’une bécane un écho lointain de ces ruées sauvages où l’on cravachait sa monture, foutait une torgnole aux rafales et déclarait la guerre à tout le monde selon le bon vieux principe des Comanches. Quand Jack Kerouac et sa bande de beatniks partirent rouler (en voiture) sur les routes de l’Amérique ils poursuivaient le même objectif : calmer le feu intérieur et regarder vaguement défiler les cactus en ingurgitant des choses étranges. C’est un peu cela que nous avons cherché, plus sagement peut-être, pendant dix années juchés sur nos motos, au Bouthan, au Baïkal, au Rajasthan, au Kirghizistan ou au Chili. Nous avons demandé au vent et à la poussière, au ronronnement des pistons et à la courbe des virages de nous propulser dans un sentiment de liberté. Le vent se lève, on met les gaz, on se tient là, seul, l’œil fixé sur les bandes blanches et le monde semble soudain en ordre parce que la route file. Autre chose : une fois qu’on a placé la moto sur sa béquille on a beaucoup plus de chance de nouer une conversation avec les gens de rencontre. Il faut toujours mieux avoir l’air de sortir du vent que d’une automobile. »
Deuxième extrait du livre
« Nous décampâmes. Nous partîmes vers les horizons, avec une fièvre dont nous pensions que l’accumulation de kilomètres serait l’antidote alors qu’elle s’en révéla l’excitant. Mais le mouvement apaisait quand même quelque chose. Il atténuait notre mélancolie de n’avoir rien fait de nos vies, d’être né trop tard et d’avoir tout raté. Nous n’étions pas des lansquenets, nous avions manqué l’embarquement sur les galions pirates, nous ne rejoindrions jamais la forêt de Sherwood. Que restait-il ? Les mobs, mon pote. Nous avons alors roulé sur la Terre. En Inde, en Russie, en Finlande, au Bhoutan, en Mongolie et en Sibérie, en Chine, en Serbie, au Chili, en Asie centrale et au Népal, à Madagascar et en Asie du sud-est. »
Troisième extrait du livre
« Le mouvement était notre religion. Nous ne demandions rien d’autre que de fendre l’air, assis sur une selle. Nous savions qu’avancer sur la route nous apporterait un peu de répit. Nous savions que le monde est fait pour circuler. La sédentarité est un destin de cul-de-jatte transformé en principe de civilisation. « Partir », c’était cela notre promesse de l’aube. Certains trouvent leur bonheur à se coucher le soir près d’un corps chaud. Nous nous levions le matin avec une route à suivre et c’était là notre meilleure perspective. Beaucoup d’hommes avaient compris cette équation : les impossibilités de la vie, ses misères et ses médiocrités se dissolvent en route. Les marins, les marchands, les conquérants, les soldats et les géomètres, Gengis Khan et les clowns du cirque Zapata : tous avaient demandé au défilement du paysage une raison de continuer à vivre. Dès que l’homme s’arrête, il devient vicieux. « Prolétaires de tous les pays », aurait dû dire Marx, « foutez-moi le camp ! » Et c’est ainsi que nous avons traversé le Népal sur d’infâmes motos chinoises à la recherche des maoïstes qui se cachaient dans la forêt pour faire tomber la belle monarchie et remplacer l’absolutisme privé par l’ambition publique. Nous avons traversé le Bhoutan sur des Bullet 500. Les drapeaux bouddhistes claquaient au vent des cols et les moteurs tournaient comme des moulins à prière. Les pistons disaient ce que répètent les mantras : « Tout fuit, tout coule, rien n’est permanent. » Circulez, frères humains ! »
Quatrième extrait du livre
« Nous poursuivions la liberté.
Pourquoi avions-nous pris la route ? Nous étions de gentils garçons, et bien élevés avec cela. Nous avions fait du latin, pris des leçons de piano. Rien ne nous prédisposait à enfourcher des motocyclettes, la main droite sur la poignée des gaz. Certes, on avait entendu dans notre enfance qu’il fallait « empoigner son destin ». Quand on est sensible à ce genre d’injonction, il n’y a pas trente-six choix : on saisit une charrue ou bien un fusil de soldat. Nous, nous pensâmes au guidon des motocyclettes.
Et très vite, nous comprîmes que rien ne valait de se tenir assis sur la selle, pendant des heures, bras tendus, regard fixe, torse droit, immobile, lavé par les rafales. »
Biographie des auteurs
Sylvain Tesson (texte) est écrivain voyageur. Il est l’auteur de nombreux ouvrages best-sellers parmi lesquels Dans les forêts de Sibérie (Gallimard, 2011) et Berezina (Guérin, 2015).
Thomas Goisque (photographies), est grand reporter. Ses reportages sont publiés dans les plus grands magazines. Avec son ami Sylvain Tesson, ils ont sillonné le monde ensemble.
Informations pratiques
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François
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