L’aventurier français Charles Hedrich boucle le premier passage du Nord-Ouest à la rame et en solitaire

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Charles Hedrich Photo AFP

Charles Hedrich Photo AFP

Ca y est : après 3 saisons, 2 hivernages, 6000 km dans l’Arctique, 165 jours de rame, un soulèvement de baleine, une attaque d’ours, de la glace, du vent de face, beaucoup de vent même cette année… Charles Hedrich devient le 1er Homme à traverser le mythique Passage du Nord-Ouest en solo.

C’est une première mondiale ! C’était ce mercredi 16 septembre à 22h heure française (16h heure locale) que Charles Hedrich est arrivé à Pond Inlet (Nunavut, Canada), après un périple de plus 6000 km parcourus à la force des bras sur le mythique passage du Nord-Ouest. Il devient le 1er Homme à réaliser l’exploit en solo.

L’aventurier français Charles Hedrich est le premier à réaliser en solitaire et à la rame le passage du Nord-Ouest entre le détroit de Béring et la baie de Baffin, a annoncé jeudi son comité d’organisation.

L’aventure existe donc encore… Après Roald Amundsen, le 1er Homme à franchir le passage du Nord-Ouest en équipage 1906 et le duo Jeff MacInnis / Mike Beedel, le 1er à traverser le passage à la voile pure en 1990, Charles Hedrich devient en 2015 le 1er à réussir la performance en solo et à la rame de Béring à Baffin. Pour y parvenir, l’aventurier de 57 ans a dû faire preuve d’une ténacité démesurée et d’un esprit marin exceptionnel.

Charles Hedrich_arrivée à Pond Inlet_1er passage du Nord-Ouest en solo 2

Dépêche AFP avec l’autorisation de son comité d’organisation

Charles Hedrich a donné ses derniers coups de rame pour accoster à Pond Inlet (Territoire du Nunavut, Nord du Canada) mercredi à 16H00 locales (20H00 GMT), a annoncé l’association Respectons la Terre dans un communiqué.

Parti le 2 juillet 2013 du village tchouktche de Wales, bordant le détroit de Béring sur les côtes de l’Alaska (Etats-Unis), Charles Hedrich a dû interrompre par deux fois son périple de quelque 6.000 km jusqu’à son arrivée mercredi à Pond Inlet, à l’entrée de la baie de Baffin.

Pour sa première étape, Charles Hedrich avait parcouru près de la moitié de son parcours avant de placer son embarcation à l’hivernage, dès le début de l’automne 2013, à Tuktoyaktuk, dans le grand nord canadien, aux confins du fleuve McKenzie et de la mer de Beaufort.

A l’été 2014, l’ex-homme d’affaires reconverti depuis une dizaine d’années en aventurier, reprenait ses rames pour quelque 2.000 km. Il devait à nouveau laisser son bateau à l’abri, à Taloyoak, dans la baie de Rasmussen, juste avant l’automne et le retour des glaces.

Le 13 août dernier, il est reparti pour sa dernière étape d’un millier de km dans des conditions difficiles avec de forts vents gênants sa progression.

C’est après 165 jours de mer que Charles Hedrich a finalement bouclé «le mythique passage du Nord-Ouest» et est devenu «le premier homme à réaliser l’exploit en solo», selon le communiqué.

Rameur aguerri, il avait en 2012 réalisé le premier aller-retour en solo sur l’Atlantique, en 141 jours.

La vidéo de son arrivée

Le récit de la 3e saison : 2015, la réussite de l’exploit polaire

Août 2015, Charles Hedrich s’attaque à la partie la plus nord du passage. Á peine arrivé, sur place le maire de Taloyoak a déjà tout prévu : le Rameur des Glaces est remis à flot par les villageois. Il ne faut pas perdre de temps, la route est encore longue et les conditions météo incertaines. 1000 km pour finir. Le bateau est prêt, l’aventurier aussi mais la glace n’a pas encore décidé de s’écarter. Il faut attendre. C’est le 13 août qu’il peut enfin reprendre la route mais au bout de quelques heures, c’est en mer à l’abri de la côte que Charles Hedrich est obligé d’attendre encore 7 jours et 7 nuits pour que le vent faiblisse et change de sens. Le vent de face ne se remonte pas, sauf au moteur, et l’aventurier n’en a pas. La patience et la détermination sont nécessaires.

Enfin, il se faufile dans l’ouverture laissée par la glace et le paysage change très vite. La banquise se retire. Il arrive au fameux détroit de Bellot qu’il avait déjà emprunté à bord du Glory Of The Sea en 2009 lors du 1er Tour du Monde à la voile par les 2 pôles, mais à la rame tout est différent. Cet étranglement génère des vents et des courants que le Rameur des Glaces subi. Á sa sortie, il y a même une espèce de « rapide » avec des tourbillons. Charles Hedrich gère tant bien que mal et ressort indemne direction la mer de Baffin. Plus que 500 km !

Une rencontre humaine est programmée pour le 2 septembre sur le Soleal, navire de croisière de luxe de 142 mètres de long (7 mètres pour le Rameur des Glaces). La routine du solitaire est modifiée. L’aventurier improvise une conférence pour ce public captivé et pionnier. Respectueusement remis au point de rencontre, Charles Hedrich poursuit sa route en solo. Il échappe à une attaque d’ours blanc, se fait surprendre par des icebergs d’1 km de long… La saison avance, il est dans les temps, mais il faut se dépêcher, l’hiver arrive vite dans ces régions polaires. Le vent contraire fait encore des siennes et ne veut pas le laisser progresser. Michel Meulnet, le routeur en liaison par téléphone satellite, est essentiel dans ce cas : il ne faut pas louper les rares fenêtres météo. Le soleil décline chaque jour un peu plus et ses rayons sont de plus en plus bas. Charles Hedrich ne peut plus recharger les batteries de son téléphone satellite dont le niveau ne cesse de baisser. Il ne garde que l’essentiel : un contact quotidien avec le routeur. D’autant qu’il doit encore attendre dans l’île de Bylot : 1, 2, 3, 4, 5 jours sans bouger. Une épreuve de fair-play intéressante.

Accalmie annoncée, Charles Hedrich saute sur ses rames et attaque les 35 km qui le séparent de Pond Inlet : l’arrivée. Mais pour pimenter les choses, un incendie sérieux se propage à bord. L’aventurier extirpe le réchaud grâce à des gants trempés dans l’Océan arctique. Quelques dégâts matériels dans la cabine, une main légèrement brûlée et des poils roussis. Une dernière frayeur qui aurait pu mal tourner et Charles Hedrich entame la dernière ligne droite. Quelques habitants prévenus par Facebook sont sur la plage. Ils ne sont pas victimes d’une hallucination. Charles Hedrich est bien là, après 6000 km à la rame, 165 jours de mer, 2 hivernages, un passage du Nord-Ouest dans les bras. Le changement climatique illustré par le sport et l’aventure… toute une histoire.

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Les livres de Charles Hedrich

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Fondateur du site Un Monde d'Aventures, je suis un passionné des grands espaces sauvages et des mondes polaires. J'ai réalisé plusieurs raids autonomes au Groenland et en Laponie. J'aime partager ma passion à travers ce site. Voir tous les articles écrits par François - En savoir plus sur François

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