Bivouac de Franck Degoul le long des routes fédérales qui permet, entre autres, la contemplation des paysages
(ici, dans la savane typique du sud de l’État d’Amapá).
Images de Franck Degoul, extraites du récit de voyage contemporain Brasil, La grande traversée
Brasil de Franck Degoul
Franck Degoul est avant tout docteur en anthropologie spécialisé en religions afro-caribéennes. Il entreprend en octobre 2009 de parcourir à pied, en solitaire, le Brésil de l’extrême Sud (Chui, proche de l’Uruguay) à l’extrême Nord (Oiapoque, près de la Guyane) : 5 000 kilomètres, 8 mois de marche, 10 Etats, 19kg sur le dos (au début) !
Pourquoi le Brésil ? Parce que c’est un « pays-continent » frontalier de tous les pays d’Amérique du Sud à l’exception du Chili et de l’Equateur, pour l’histoire et la culture des populations locales, pour le contraste des environnements naturels.
Dans ce récit de voyage, l’auteur témoigne de la richesse d’un Brésil authentique, loin des clichés. On parcourt les pages au fil des Etats parcourus par l’auteur et on découvre, avec lui les héritages africains et européens, la pampa des gauchos, le milieu extrême de l’Amazonie, la forêt équatoriale.
Sa tente, qu’il a nommée Rotunda, l’accompagne pendant tout son périple. C’est sa seule compagne. Il prend garde à ne pas céder à la peur qui l’empêcherait de poursuivre son chemin. Il fait également de belles rencontres, certaines personnes qu’il croise sur son parcours se montrent indifférentes, la plupart l’encouragent ou lui témoignent de gentilles attentions.
De belles photos au centre du livre montrent toute la diversité culturelle des peuples et la variété de l’architecture et des milieux naturels de ce pays.
L’auteur, sort de son périple transformé par l’usure physique et mentale et par ses rencontres. Les longues heures de marche lui permettent en effet de relativiser par rapport à son quotidien, de réfléchir à de grandes questions sur l’existence : « Bien qu’abouti géographiquement, le voyage se poursuit en soi. »
Voici un avant-goût de cette aventure avec quelques extraits et quelques photos
Quelques extraits
- « Dans les villes frontalières où se dévisagent les territoires s’amalgament les cultures. Toutes les villes du monde devraient être frontalières les unes des autres : ainsi un grand maelstrom brouillerait-il la piste des origines et le corridor des identités figées et défendues. »
- « Passé 25 kilomètres d’effort, il faut toutefois endurer les premières douleurs. Se substituant à la gaité et aux chants de la mise en marche, un silence intérieur s’établit peu à peu pour franchir l’épreuve dans une entière concentration de l’être. On atteint alors le terme de la journée avec la fin du jour. A cet instant, le profond bonheur que procure le repos est décuplé par la satisfaction d’être parvenu aux confins de soi. Pour quelques heures à peine, une miette d’éternité. Et puis tout recommencer à l’aube d’un nouveau jour.»
- « Eveillé au beau milieu de la nuit qui s’était faite claire et vaste, j’avisais la Grande Ourse déversant les paillettes d’étoiles de son chariot à travers la moustiquaire de Rotunda. Jamais le firmament ne m’avait paru aussi proche, aussi étincelant, aussi immensément présent. Merveille des éveils vagabonds ! »
- « L’empire des ténèbres sur la forêt, lorsqu’on se trouve seul en son sein, est tout bonnement effrayant les premiers temps. Tout intrigue, tout inquiète, car tout bouge, tout bruisse et tout babille en une polyphonie babélienne. Cris des oiseaux nocturnes ; feuilles qui s’abattent lourdement sur le sol après s’être entrechoquées, durant leur tombée en cascade depuis les hauteurs, avec d’autres feuilles ; frémissements, craquements, crépitements, frôlements, chuintements, chocs sourds et soudains ; et par-dessus tout, l’incessante chute des minuscules perles d’eau dégouttant par dizaine de chacune des millions, des milliards de feuilles que compte la forêt, gouttelettes qui s’épanchent sur le sol après avoir rebondi sur d’autres feuilles qui, ébranlées, déversent à leur tour leur propre trop plein d’humidité. Cet égouttement permanent et infrangible suscite des hallucinations auditives : le son produit par l’ensemble donne l’illusion qu’il pleut. »
Quelques photos
Crédits photos : Franck Degoul, extraites du récit de voyage contemporain Brasil, La grande traversée
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Eve
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