Après avoir traversé une période difficile de sa vie – décès de sa mère dû à un cancer des poumons, divorce avec l’homme avec qui elle a partagé 7 ans de sa vie et auquel elle est très attachée malgré plusieurs infidélités, dépendance à l’héroïne – l’auteur, Cheryl Strayed, décide à 26 ans de parcourir le « PCT », The Pacific Crest Trail (chemin des crêtes du Pacifique) : un sentier de randonnée qui s’étend de la frontière mexicaine à la frontière canadienne, en longeant neuf chaînes de montagne.
Cette idée lui est venue après avoir parcouru la 4ème de couverture d’un livre en faisant la caisse d’un magasin, alors qu’elle n’a jamais pratiqué la randonnée.
Son objectif est de marcher 100 jours, près de 1800 km, pour retrouver celle qu’elle avait été autrefois, devenir la femme qu’elle voulait être.
Wild est un roman autobiographique passionnant. L’auteur évoque au fil des pages sa progression dans sa randonnée, sa découverte du paysage, ses émerveillements, ses difficultés d’adaptation à la neige, à la sécheresse, ses craintes des animaux, ses souffrances physiques, son hésitation à poursuivre, ses rencontres mais également des souvenirs de faits marquants qui l’on construite, qui l’on poussé à partir, ses doutes sur ses choix de vie… un peu comme les idées que l’on peut avoir successivement en tête lorsque nous faisons nous même une randonnée…
Ces obstacles, dus essentiellement au manque d’expérience et de préparation pour ce type de randonnée, qu’elle réussit à surmonter et les échanges avec ceux qu’elles rencontrent sur le sentier lui permettent de faire le point sur sa vie.
Au bout de près de 500 pages, nous avons parcouru avec elle tous ces kilomètres tout en faisant nous-même un travail d’introspection.
Quelques étapes du roman
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« Comment pourrais-je porter un sac sur plus de mille cinq cent kilomètres, à travers des montagnes accidentées et des déserts arides, si je ne parvenais même pas à le déplacer d’un millimètre dans une chambre climatisée ? C’était complètement aberrant, et pourtant il fallait que je le fasse. Je n’avais pas envisagé un seul instant que j’en serais incapable. Je croyais bêtement que si j’additionnais toutes les choses dont j’aurais besoin pour ma randonnée, j’obtiendrais un poids total que je pourrais porter. »
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« Je ne pensais plus aux serpents comme la veille. Je ne pensais plus « Je randonne sur le Pacific Crest Trail ». Je ne pensais même plus « Mais dans quoi est-ce que tu t’es fourrée ? » Je ne pensais qu’à une chose, avancer. Mon esprit était un vase de cristal empli de ce seul désir. Mon corps était tout le contraire : un sac de verre brisé. Dès que je bougeais, j’avais mal. Je comptais mes pas pour oublier la douleur, égrenant les chiffres dans ma tête jusqu’à cent avant de repartir de zéro. Ces séries rendaient la marche un tout petit peu plus supportable, comme si je n’avais qu’à tenir jusqu’à la fin d’une centaine. »
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« Je suis restée là jusqu’à la tombée de la nuit, envahie d’une forme de plénitude, trop lasse pour le lever et regagner ma tente. La lune brillait au-dessus de ma tête et en bas, tout au fonds de la vallée, les lumières d’Inyokern et de Ridgecrest scintillaient. Le silence était incommensurable. Le vide écrasant. C’est ce que j’étais venue chercher, ai-je pensé. C’est ce que je voulais .»
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« Une immense vallée s’étalait en contrebas, bordée de volcans verts au nord comme au sud. Malgré mon angoisse, je n’ai pas pu m’empêcher de m’extasier devant tant de beauté. Certes, j’étais une incapable, certes, je risquais de mourir de déshydrations ou d’un coup de chaleur, mais au moins, j’étais dans un endroit magnifique – un endroit que j’avais appris à aimer, en dépit de son austérité -, un endroit où j’étais venue toute seule, par la seule force de mes jambes ».
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« Cette randonnée avait beau être difficile et exaspérante, il s’écoulait rarement un jour sans que j’assiste à ce que, dans le jargon du PCT, on appelait la magie du chemin – des moments de douceurs inattendus qui offraient un contraste saisissant avec les épreuves du quotidien. »
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« Je ne voulais plus souffrir en pensant à lui, me demander si j’avais eu tort de le quitter, me tourmenter à cause de tout ce que je lui avais infligé. Et si je me pardonnais mes erreurs ? Si je reconnaissais être une menteuse adultère, sans autre excuse que le fait d’en avoir eu envie ou besoin ? Si, malgré mes remords, je savais que j’agirais de la même façon dans l’hypothèse où je pourrais remonter le temps ? Si j’avais réellement voulu coucher avec tous ces hommes ? Et si l’héroïne m’avait appris quelque chose ? Si la bonne réponse était oui au lieu de non ? Si ce qui m’avait poussée à commettre toutes ces erreurs m’avait également conduite jusqu’ici ? Et si je n’atteignais jamais la rédemption ? Et si c’était déjà fait ? »
Le film est forcément moins détaillé que le roman et n’est pas tout à fait organisé de la même façon, mais en donne un aperçu fidèle en retranscrivant bien le chemin suivi par Cheryl et reprenant les moments forts de sa vie. L’actrice principale, Reese Witherspoon, est très crédible dans ce rôle pourtant à contre-emploi.
Le roman et le film retracent tous les deux une épreuve à la fois physique et humaine qui ne peut laisser personne insensible. Lire notre article sur le film Wild
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Eve
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