[ Coup de cœur ] Une odyssée en Patagonie

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312gvVfqF3L._[1]Ce livre retrace le parcours pendant près de 100 jours de Inti SALAS ROSSENBACH et d’Alexandre CHENET en kayak à travers les mers australes.

Ce n’est pas le simple récit de leurs exploits. Cet ouvrage nous permet de prendre part à la rudesse de leur expédition mais aussi de découvrir des lieux dont rien que le nom fait rêver, des endroits qui n’apparaissent pas sur les cartes ainsi que les peuples de Patagonie et leur l’histoire.

Les sujets s’enchaînent un peu comme nos pensées peuvent venir et ne suivent pas forcément l’ordre chronologique. Cela casse la monotonie et permet de nous associer aux réflexions de l’auteur, Inti SALAS ROSSENBACH, au fil de ses épreuves et de ses découvertes. L’auteur nous implique en effet très tôt dans son expédition, dès la réflexion initiale et les préparatifs. Il n’hésite pas tout au long de son récit à nous faire part de ses états d’âmes, de ses interrogations et de ses belles rencontres (marins, villageois, phoques, cormorans…).

Je ne peux pas résister à vous faire partager quelques extraits qui témoignent de la qualité d’écriture et de la beauté de leur aventure :

« Un rêve d’ailleurs, d’inconnu, un rêve de voyage et de terra incognita. Un rêve que nous allions poser sur un nom que de fiers Amérindiens, d’illustres explorateurs, écrivains, voyageurs et travailleurs révoltés avaient hissé haut dans l’imaginaire commun : la Patagonie. »

« Nous étions deux mais je pressentais déjà que notre voyager que notre voyage serait un périple en solitude accompagnée. Je commençais à ressentir ce que je crois : en nous dépouillant des rites sociaux qui nous permettent de vivre ensemble, essentiellement, nous sommes seuls. »

« Pendant ces quelques jours avec les pêcheurs, une évidence s’était imposée : notre expédition était exceptionnelle, au sens propre, parce que je doute que l’on puisse survivre des années à la vie que nous menions ; mais elle l’était surtout parce que nous ne pouvions – sans doute certains le peuvent – nous passer durablement de l’autre, de l’humain. La solitude de l’expédition ne peut donc bien être qu’une parenthèse, fut-elle régulièrement renouvelée. »

« Chemin faisant, je montai sur un iceberg détaché du glacier, quelques mètres carrés d’eau bleue et solide. Célébration personnelle d’une tentation irrépressible, celle de l’inutile ; pourvu qu’elle soit belle. Je détachai un glaçon de l’iceberg. Il était d’une transparence absolue, signe que je tenais là une glace trentenaire, peut-être millénaire. »

« L’horizon était là. La grandeur émeut rarement. Je passais pourtant plusieurs minutes à le contempler, les bras ballants le long du kayak, les mains dans l’eau froide. Un étrange sentiment d’aboutissement m’envahissait. En cet horizon je voyais la rotondité de la terre, l’outre-mer, d’autres pays, d’autres peuples, d’autres humains, d’autres voyages, d’autres combats, d’autres navigations ; en lui je voyais l’ailleurs comme un visage dit l’autre. »

«  L’exploration de l’inconnu revêt fondamentalement une dimension sociale, plus précisément une volonté de reconnaissance sociale. Découvrir et courir l’aventure sont des activités que l’on peut tout à fait faire en des contextes géographiques et culturels déjà explorés. Parce que la découverte est toujours personnelle, et que l’aventure est souvent près de là où nous habitons. Désirer des endroits inexplorés, c’est vouloir aller là où les autres ne sont pas encore allés. Ou peu. C’est bien un rapport aux autres et à leur regard qui se joue. La volonté d’explorer n’est pas qu’un appel des grands espaces ou amour de la science ou du monde. Elle peut résulter d’une volonté sous-jacente, celle de trouver l’aventure dont on pourra faire un beau récit. »

Laisser vous porter par ce livre pour aller à la rencontre de la Patagonie et de ses habitants.

patagonia2009[1]

L’auteur Inti SALAS ROSSENBACH vit à Paris. Après des études de physique fondamentale, il travaille dans le domaine de la cryptographie appliquée. En 2008, une de ses nouvelles devient son premier court-métrage, Le Goût des conventions, financé par la région Pays-de-Loire. Puis viendra Lo que importa Parábola frutal, court-métrage écrit, produit, joué, et tourné à deux, qui a remporté en mars 2008 le premier prix du festival international Arte en vidéo. Il écrit et publie d’autres nouvelles, d’autres scénarios, et publie des articles dans des revues. C est de son père, qui a été charpentier syndicaliste sur des cargos, et de ses navigations de jeunesse en Bretagne qu’il tient son amour de l’océan et une insatiable curiosité pour le blanc des cartes.

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Eve

Passionnée de livres et de photos. Privilégie la marche pour (re)découvrir les régions de la France : les endroits incontournables mais également les petits villages, les lieux chargés d'histoire... Admire les aventuriers en herbe et les explorateurs confirmés. Voir tous les articles écrits par Eve

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