Sous les ailes de l’hippocampe : Canton-Paris à vélo, le défi d’un pilote de ligne

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Enorme coup de cœur

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François Suchel, pilote de ligne, raconte son voyage en bicyclette de Guang Zhou à Paris pendant 8 mois. Son itinéraire « vers la liberté d’être soi-même » suit la ligne aérienne qu’il a empruntée pour se rendre en Chine afin de parcourir ces kilomètres de façon différente.

L’auteur nous fait partager, à travers son périple, ses interrogations, ses émotions, ses baisses de motivation mais aussi et surtout ses découvertes des lieux de vie et du quotidien des habitants des 9 pays qu’il a traversés parmi lesquels la Chine dans toute sa diversité (les Hans, des minorités ethniques, des Tibétains, les Mongols…. ), le Kazakhstan et sa steppe, la Russie, la Pologne, l’Allemagne…

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La carte du voyage à bicyclette – la ligne aérienne –
Pourquoi « l’hippocampe » ? C’est est le logo peint sur les moteurs des avions Air France… et le fil conducteur de son parcours. Cette aventure est également l’occasion d’échanger avec des contrôleurs aériens.

L’auteur n’occulte pas par ailleurs sa difficulté d’être loin de se femme et de ses enfants. Un sentiment de culpabilité dont il nous fait part régulièrement au cours de son récit.

Ce beau récit de voyage est passionnant et très instructif à plusieurs titres ; les rencontres de l’auteur sont d’une grande richesse. Ce défi, qui peut sembler aux premiers abords un peu fou, prend alors tout son sens.

Pour faire perdurer le plaisir de la lecture de cet ouvrage, de belles photos sur le site www.nomadeduciel.com et des posts sur le blog www.nomadeduciel.com/voyage-a-velo

Quelques extraits

« On peut vouloir partir parce qu’on a jamais voyagé. Moi, j’ai décidé de voyager parce que je suis trop souvent parti. J’ai parcouru le monde sans le voir »

« Réussirai-je enfin à pédaler le cœur léger ? Je commence à en douter. Perdu dans cette perplexité, j’analyse ce qui me fait plaisir : voir les kilomètres défiler, le paysage, les habitudes changer, ne pas arriver trop tard à l’étape, manger dans la rue et observer la vie du village, faire des rencontres, échanger, comprendre la vie sociale, tenter d’extirper de toute cette crasse un peu de poésie photographique. Je range dans l’autre catégorie les hôtels miteux, froids et humides, la poussière et la CO2 de la route, le stress induit par la tâche immense à accomplir. Je ne refuse pas les traits de faiblesse que me renvoie le miroir. Je ne suis pas fier de moi. Je me découvre. »

« En réalité, il faut s’arrêter au milieu de nulle part, là où il n’y, a priori, rien à voir. Sans cet effort, on ne découvre qu’un décor aménagé, des gens qui vous attendent, un environnement prédigéré. Oui, le voyage passe par la transition. Et la bicyclette permet de l’éprouver grâce à deux principes élémentaires : l’effort physique et la lenteur. Lorsque la fatigue pointe, on prend ce qui se présente, quel que soit l’endroit .»

« Malgré la majesté des sommets au sud, le ciel est triste ainsi que mon moral. Au-delà de la météo, je subis chaque jour l’optimisme excessif de mes calculs kilométriques. Comment pourrais-je sortir de Chine le 5 avril sans forcer l’allure ? Or le physique et le mental agissent comme des vases communicants : lorsque l’on s’épuise, il grignote le potentiel de l’autre. Et mon énergie photographique s’en ressent. Après cent vingt kilomètres sur la selle, l’œil comme les cuisses sont fatiguées, l’inspiration s’est consumées avec les calories. »

« Je pensais être un homme libre. Dans ma conception des choses, cela voulait dire être capable de supporter aisément la solitude, vivre pleinement cette aventure, assumer l’indépendance que j’avais imposée à ma femme et que j’imaginais bien réelle, certains diront l’égoïsme. Comme ce voyage n’était pas une fuite, mais une parenthèse irrépressible, la même énergie qu’il m’a fallu pour partir, je la mobiliserai bientôt pour combler les besoins de mes enfants et ceux de Marianne. Je n’avais simplement pas mesuré que, bientôt, c’est toujours trop tard lorsqu’on souffre. Ma naïveté et ma dépendance, en réalité, grignotait ma volonté. J’étais forcément trop égoïste ou pas assez. »

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Le livre « Sous les ailes de l’hippocampe » est sélectionnés pour le prix de la Toison d’or du livre d’aventure 2014

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Eve

Passionnée de livres et de photos. Privilégie la marche pour (re)découvrir les régions de la France : les endroits incontournables mais également les petits villages, les lieux chargés d'histoire... Admire les aventuriers en herbe et les explorateurs confirmés. Voir tous les articles écrits par Eve

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