L’aventure locale selon Damien de Planète.D : des films à découvrir

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Ce n’est pas la première fois que nous parlons de Damien Artero mais en ce début d’année 2014, son actualité est particulièrement intéressante. Damien est un voyageur qui fait des films ou plutôt un réalisateur qui voyage. En fait, je ne sais pas trop. Voyager et filmer sont ses deux passions et il le fait d’une très belle manière. Nous lui avons demandé de nous expliquer ses deux passions et de nous présenter ses dernières réalisations.

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Pourquoi voyages-tu ?

C’est ce que m’a demandé François.
Et c’est cocasse, je trouve, de voir comme les plus simples questions appellent souvent aux plus profondes réflexions.

Ce n’est pas anodin pour moi, finalement, de m’interroger : cela fait désormais 8 années que je pratique le voyage au long cours, beaucoup plus longtemps encore que je vadrouille régulièrement. J’ai érigé ma modeste pratique de la « baroude » en art de vivre, d’une certaine façon, et j’en ai même fait un travail, un gagne-pain. On comprendra alors que la question ne soit finalement pas si aisée à traiter.

Mais, « long story short », comme disent les Anglais, je crois avoir aujourd’hui un peu de recul pour aller à l’essentiel.
Je voyage pour me sentir vraiment vivant.
Pour la même raison, je pratique différents sports de plein air – trail et vtt, ski…
Et c’est cette combinaison qui fait que je réalise mes voyages selon des moyens doux et sportifs à la fois.

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Oui, je voyage, je cours, je skie et je pédale parce que ces pratiques m’offrent les moments de ma vie où je me sens formidablement, pleinement connecté à mon environnement, mes semblables, mon corps.

Pendant notre premier périple a long cours, lorsque mon amoureuse Delphine et moi avons pédalé à tandem 2 années et demi durant autour du monde, j’ai pris conscience de cet apparent paradoxe : le nomadisme accélère le temps mais le densifie. En d’autres termes, les jours, les mois, les années passent diablement vite, mais vous laissent enrichis, remplis, reconnaissant et bienheureusement fatigués, de cette fatigue qui procure à la fois délassement et contentement, même si elle confine parfois à l’épuisement.

Sans doute ai-je développé au fond de moi la conviction que ma vie prend son sens dans un mouvement, perpétuel mais à temps partiel, qui me relie à mon être, mon âme, et ceux de toutes les personnes qui jalonnent immanquablement ma route. Je dis temps partiel car je ne voyage pas sans cesse, et suis heureux d’atterrir chez moi, de retrouver le lien social, familial, amical sur lequel se fonde ma confiance dans la vie. Et quand cela se produit, je me révèle fort casanier…

Jor-11 (Copier)

Mais les départs me grisent, l’aube encore neuve et le frisson de la découverte mettent mon coeur en joie. J’ai toujours hâte de retrouver le bonheur simple du dépouillement et de l’allant. Les meilleurs moments de ma vie, je crois, tiennent dans un modeste baluchon.

C’est ce que je dis, d’ailleurs, au mot près, dans mon dernier film, « Un Pas De Côté« . Il s’agit d’un petit projet d’exploration locale, le premier épisode d’une série que je vais consacrer à notre chouette pays. L’idée était simple : partir de chez moi avec pour seul locomotion mes grandes « guibolles », rester dans un périmètre de proximité, et dans un laps de temps imparti, court, m’inventer une aventure. Avec mon copain Doc’, ultra-traileur émérite et orienteur aguerri, nous nous sommes donné 4 jours pour traverser la Chartreuse en courant du nord au sud. Un seul mot d’ordre : pas de sentiers balisés, pas de réseaux conventionnels de circulation ; du sauvage, du franchissement, de l’orientation. Pour aller voir s’il est possible de redonner un sens au mot « exploration » tout en restant « à la maison ». Et nous n’avons pas été déçus… il en ressort que la démarche est polémique et le terrain sensible, et nous avons voulu apporter notre petite contribution à la réflexion avec tout le tact et la sagesse possible.

Le film sort ces jours-ci  en vidéo à la demande sur Internet, et en DVD, accompagné d’un autre sur le même thème, « Jor« , réalisé avec mon camarade Virgile Charlot, qui voulait traverser à ski de randonnée nordique son beau territoire jurassien.

Cette envie d’aventure de proximité était également à la racine d’un autre projet tout récent, dont le film est sorti à la toute fin 2013.
Le projet « Autarcies« .

Mon amoureuse Delfe, nos deux filles Luce et Lirio, et moi-même vivons dans les Alpes, en habitat groupé. Il s’agit de constituer un groupe de personnes animées par les mêmes valeurs – de vie collective, de développement durable, de partage d’espaces, de ressources et de services – et de construire ensemble une grande maison commune pour y habiter tous ensemble. En clair, le résultat est une belle bâtisse bioclimatique solaire passive en bois-béton, bigarrée à l’image de ses occupants, dans laquelle chaque famille ou foyer a son propre appartement indépendant mais où nous partageons de nombreux aménagements (potager, garage, laverie, atelier, cuisine et salle à manger collective, rangements, télécommunication…). Cela revient à monter une copropriété avec ses copains et y vivre tous ensemble – autant vous dire que la chaleur humaine, les échanges, les prises de tête, rarement, et les rires, beaucoup, sont au rendez-vous.

Et bien dans cette double démarche de vie collective et d’aventure de proximité, nous avons voulu, en famille, aller parcourir sur notre tandem l’Espagne et ses montagnes pour rendre visites à des éco-villages. Pendant quelques mois, avec notre seconde fille Luce, qui avait 6 mois au départ, dans la remorque derrière le tandem, et notre aînée Lirio, âgée de 3 ans et demi, tantôt aux côtés de sa petite soeur, tantôt sur son propre vélo tracté derrière, nous avons vadrouillé de village communautaire en village communautaire, pour recueillir des témoignages, rarement d’échec ou de difficulté, presque toujours de réussite et de bonheur ; nous voulions nous en inspirer pour notre propre vie collective.

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Ce petit périple a été riche, si riche en émotions et rencontres, que nous en revenons comblés, et remplis, comme je le décrivais plus haut. Remplis par ces partages sans façon, cette générosité dont nous faisons l’objet en tant que vagabonds, par ces personnages lumineux que le chemin nous amène à rencontrer et qui montrent une autre voie, un autre possible.

Nous revenons, aussi, il faut bien le dire, épuisés… Car s’il est désormais établi à nos yeux que oui, l’aventure se trouve au détour du chemin, même à côté de chez soi, il ne fut pas anodin de pédaler un bon millier de kilomètre par monts et par vaux, avec une petite fille qui nous réveillait encore 4 à 5 fois par nuit… Mais ça, c’est une autre histoire.

Histoire…
Voilà d’ailleurs la réponse à la seconde question de François.

Pourquoi fais-tu des films ?

Je pourrais, là aussi, longuement développer mon amour de l’image, mon envie toujours renouvelée de transmettre les émotions qui jalonnent nos cheminements, et ces rencontres que j’ai déjà citées plusieurs fois ; je pourrais expliquer combien nous aimons, avec mes 3 « amoureuses », nous mettre en scène devant la caméra et faire rire notre public, mais le plus simple, le plus évident, tient dans ce mot : j’aime raconter de belles histoires. De belles et authentiques histoires. J’aime ramener à un auditoire les bonnes nouvelles du monde.

Je crois que c’est ce que nous faisons, encore une fois, dans ce film, « Autarcies« .

Après la traversée de l’Islande à la recherche de la Reine des Elfes, alors que notre fille Lirio avait 9 mois – un film appelé « No Man Iceland » – nous avons exploré cette Espagne rurale et farouche et nous avons tâché d’en ramener l’essence de ces modes de vie alternatifs, humains et durables qui y poussent sans bruit, loin des fracas citadins, lentement mais sûrement.

Car nous pensons résolument que demain doit être collectif.

Je réalise à me relire que ces simples questions, pourquoi voyages-tu et pourquoi fais-tu des films, m’amènent tout naturellement à faire la synthèse de ce que Planète.D est devenu, depuis 2006, alors que ce n’était qu’un nom lancé au hasard pour nous donner une identité alors que nous partions embrasser le monde. Aujourd’hui, il y a derrière, partout, autour, les valeurs sur lesquelles nous voulons fonder notre vie : du partage et de l’échange ; un développement durable et un déplacement propre, doux ; placer l’humain et la nature au centre des préoccupations ; se faire vecteur des belles histoires de notre société ; et au passage, ne pas s’épargner une bonne suée ni une bonne rigolade.

Stitched Panorama

J’espère que si vous venez faire un tour sur la Planète.D, vous y trouverez un concentré de tout cela.

Damien Artero

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Merci à Damien de nous avoir consacré un peu de son temps pour nous permettre de mieux le connaitre. Nous en savons maintenant un peu plus sur ses deux passions : voyager et filmer. Pour plus de détails et commander les derniers films de Damien :

Pour suivre Damien et en savoir d’avantage sur ses activité : www.planeted.eu et facebook.com/planete.d

Crédits photos  : copyright (c) 2013 damien artero www.planeted.eu

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