Je viens de recevoir des nouvelles de Nathalie Courtet qui nous tient informé de l’avancement de sa préparation dans le cadre de son nouveau projet : « 71 degrés solitude nord ». Aujourd’hui, elle nous parle de la préparation de l’alimentation pour son expédition
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Bonjour,
Partir en expédition au delà du cercle polaire arctique en hiver, pour la durée que je souhaite, revient à vivre dans un congélateur pendant deux mois et demi… Et au niveau alimentation, cela implique quelques contraintes. Les aliments que je transporterai dans ma pulka doivent être à la fois légers, énergétiques, ne pas geler, être rapides à cuisiner, appétant, et se conserver de longs mois. Et si possible pas trop onéreux !
J’ai passé du temps sur la toile à chercher d’abord, en fonction de mon poids, mon effort, les températures et mon sexe, le nombre de kilocalories journalières nécessaires afin de garder la forme, sans prendre ni perdre trop de poids. Les différents tableaux consultés me donnent entre 4000 et 4500 kcal/jour. C’est une première chose.
Pour que les aliments répondent aux critères cités ci-dessus, ils ne doivent pas contenir d’eau (gel), ce qui résout bien des soucis, car qui dit « pas d’eau », dit aussi « pas trop de risque de prolifération de bactéries ». Enlever l’eau des aliments c’est aussi, la plupart du temps, leur ôter la plupart de leur poids… Conclusion, il faut consommer soit des aliments secs ou gras, soit emmener du déshydraté.
J’ai fait un mix, sachant qu’il faut encore tenir compte des apports en glucides, lipides, protides, vitamines, neurotransmetteurs, oligoéléments, minéraux… bref, ne pas créer de carences. Enfin, accordons nous sur ce point, je ne pars « que » deux mois et demi…
Pour le matin, j’ai préparé des sachets mis sous vide contenant 180 gr de muesli différents parfums (original, fruits, fibres, cacao) auquel j’ai ajouté des cajou, noisettes, noix de macadamia, de pécan, amandes, du cacao, de la poudre de lait d’amandes, d’épeautre, de châtaigne, caroube, sarrasin…, du riz soufflé au chocolat, des raisins secs, des pépites de chocolat noir, parfois un peu de coco râpée… J’aurai juste à mettre de l’eau chaude dessus.
En cours de journée, exactement la même quantité du même mélange constituera mon repas principal. A côté de ça, un sachet où j’ai mis sous vide 100 à 120 gr de pâte d’amandes ou de cajou que j’ai confectionné moi-même, et 100 à 120 gr de fruits séchés (abricots, figues, dattes, raisins).
Le soir j’aurai à déballer également un sachet sous vide qui contiendra 40 gr de viande séchée sous film étirable, 110 gr de pâtes avant cuisson (rapide) ou polenta, ou purée, purée de tomates et légumes déshydratés (champignons, courgettes, oignons, poireaux, carottes, échalotes…) sous film étirable (pour éviter la contamination si toutefois…), l’équivalent de 250 gr de compote de pomme, déshydratée sous film étirable aussi, ou préparation pour flan, crème pâtissière, gâteau de riz… En plus bien sur de la soupe, à raison de deux tasses journalières.
Pour déshydrater, j’ai fait l’acquisition d’une machine qui consiste en quatre plateaux superposés. J’étale les aliments coupés le plus fin possible, crus pour ne perdre aucune vitamine, et je règle le temps en heures et l’intensité pour la température. La machine pulse de l’air tiède et assèche les aliments. Un kilo de champignons devient 40 gr, 750 gr de purée de tomates deviennent 150 gr, encore ? Il suffit de remouiller pour reconstituer sans perdre les qualités nutritives des aliments d’origine. Pour la mise sous vide, vu la quantité à traiter, j’ai également acheté une petite machine. Ces deux ustensiles ne sont pas très onéreux et bien utiles.
En sachet ziplog avec curseur, j’ai mis des soupes aux différents parfums, environ deux à trois tasses par jour, du thé, des tisanes, du sucre, des œufs en poudre. J’ai aussi des pâtés végétaux, des pâtes à tartiner…
Nous avons reçu tous les produits Ecomil et Naturgreen, partenaires précieux et généreux puisque qu’ils nous ont envoyé plus que ce que nous leur avions demandé !
Ouf c’est fini.
Le repas du soir est le moins énergétique mais il faut aussi que ce soit bon pour avoir du plaisir à manger. S’il fallait faire au plus efficace, il ne faudrait manger que des fruits à coques (noix, noisettes, coco, amandes…). Il faut aussi que le bol alimentaire soit rempli et que le repas dure assez longtemps pour que l’impression soit bien présente d’avoir mangé, pour que ça passe un moment… Pendant ce temps on ne pense pas à autre chose, l’esprit est occupé !
Bon, avec ça j’arrive au nombre de kilocalories préconisé pour avancer, et cela représente un kilogramme par jour comme poids à transporter dans la pulka.
J’aurai un ravito environ toutes les deux semaines, posé par Damien, qui contiendra donc et évidemment de la nourriture mais aussi des piles, la cartographie pour la suite, de l’essence pour mon réchaud, des mines graphite pour mon critérium, du PQ, du courage et de la motivation…
La prochaine fois, le point sur les entraînements et la communication.
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François
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