Cet article a été publié pour la première fois en anglais sur le site ExplorersWeb. Dans le cadre de notre partenariat, nous le publions en français en accord les auteurs. L’article original peut être lu ici.
Il s’agit d’un parcours audacieux, esthétique et surtout d’un bel exemple de ce que l’on appelle le nouvel Himalayisme : des parcours pionniers sur des sommets de 6000 à 7000 m, à la fois aventure et défi technique pour des alpinistes à l’esprit clair et bien préparés. Alors que les 8000’ers prennent la capacité de souffrir sur une piste bien battue, ces belles montagnes vierges exigent un haut niveau technique et beaucoup de créativité pour percevoir une ligne qui n’existe pas encore.
De ce point de vue, Lunag Ri et David Lama ont fait la combinaison parfaite. Le sommet de 6 907 m, à la frontière entre le Népal et le Tibet, combine l’escalade en haute altitude avec des caractéristiques alpines et des prises apparemment insoutenables. Pendant ce temps, l’Autrichien David Lama, fils d’un guide de montagne népalais originaire des Alpes d’Innsbruck, est un alpiniste né. Il a été « découvert » par Peter Habeler à l’âge de cinq ans seulement et est rapidement devenu le plus jeune champion de l’équipe nationale autrichienne d’escalade. Il a quitté la compétition en 2011 après avoir goûté la face nord de l’Eiger avec son mentor Habeler et s’est tourné vers les grandes faces des montagnes. Sa transition a été sans faille. Parmi les étapes marquantes, mentionnons l’ascension en escalade libre de la voie du Cerro Torre et la première ascension de Bird of Prey. Ainsi, sa récente performance sur Lunag Ri est remarquable, mais pas surprenante.
Le Lunag Ri fut longtemps l’objectif du duo intergénérationnel entre David Lama et l’Américain Conrad Anker. La coentreprise a pris fin de façon dramatique lorsqu’Anker a subi une crise cardiaque alors qu’il s’acclimatait lors de sa deuxième tentative sur le sommet. Après l’évacuation d’Anker, David Lama a eu le temps de faire une première tentative solo impromptue, qui a été déjouée sur les tronçons supérieurs du parcours. Il est rentré chez lui et a attendu que son compagnon d’escalade se rétablisse. Anker a bien guéri, mais la bataille contre la mort avait mis fin à la partie de Lunag pour lui. Ce n’est qu’à ce moment-là que David Lama a décidé d’atteindre le sommet en solo.
Le résultat a été une ascension rapide, avec la montagne dans des conditions plus sèches que les années précédentes. Après le premier jour, David Lama a attendu 24 heures dans sa tente bivouac que le vent souffle moins fort. Quand le coup de vent fut passé, il s’est précipité sur la crête, sautant virtuellement du Népal au Tibet et revenant sur chaque terrain, jusqu’à un deuxième bivouac à 6 800 m, comme il l’a expliqué dans une interview avec Rock and Ice.
Le troisième jour, une traversée difficile et des orteils engourdis l’ont ralenti mais ne l’ont pas arrêté. Son élan élégant n’a montré aucun doute, aucune erreur et une parfaite tempérance bouddhiste. Il a atteint le sommet en milieu de matinée.
Il s’est à peine accordé quelques minutes pour profiter de la vue et penser à Conrad Anker. Il a accéléré aussi vite que possible jusqu’à son deuxième bivouac, puis est descendu en rappel au camp de base avancé à minuit, les orteils engourdis mais intacts. Ci-dessous, une courte vidéo de l’exploit :
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François
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