Ecrivains voyageurs : Ces vagabonds qui disent le monde

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51WO5pQV9AL._SL500_[1]Voyageurs, ils devinrent écrivains… Écrivains, ils se firent voyageurs.

Les uns Stevenson, Conrad, Segalen ou Bouvier partent au bout du monde pour courir après les rêves nés de leurs lectures d’enfance ; les autres Kipling, London, Kessel ou Chatwin prennent la route pour nourrir les livres qu’ils ambitionnent.

D’un côté : Segalen, médecin de marine et amateur d’art, Kavvadias le radio de cargo grec, Slocum le circumnavigateur solitaire, Moitessier l’enfant prodige et insolent de la voile…

De l’autre : Simenon, Gary ou Cendrars, qui, comme Kerouac, auraient pu clamer : « Écrire est mon boulot… alors il faut que je bouge ! »

Ces curieux infatigables notent les épreuves qu’ils endurent, les rencontres et de belles histoires. Le voyage les transforme, ils décrivent leur métamorphose, cet autre qui naît en eux. De retour, ils couchent sur le papier, souvent en les magnifiant, les aventures qu’ils ont vécues.

Tous n’ont qu’un but : transmettre leur passion pour la littérature d’aventure, et faire prendre la route.

Extrait

Pendant leur enfance, la lecture de récits de voyage ou le décryptage des cartes et mappemondes nourrirent leurs rêves d’évasion, Adolescents, les plus téméraires se risquèrent à écrire leurs premiers textes pour d’éphémères revues scolaires ou quelque gazette locale, Les plus impatients – sans même avoir un diplôme en poche – partirent avec un sac léger, la tête pleine d’images exotiques, sur les traces des livres qui les avaient tenus éveillés au cours de nuits agitées, s’appropriant l’adage de Gérard de Nerval : «Je voyage pour vérifier mes rêves,» Les moins pressés attendirent d’avoir parcouru le monde et de s’en être rassasiés pour livrer au lecteur son usage et donner à partager leur émerveillement.

Quelques-uns étaient issus de bonnes familles et voulurent, tel Bruce Chatwin, partir en «Je voyage pour rompre avec un monde trop policé, ou, comme Rudyard Kipling, s’immerger dans un continent indien qui avait baigné sa jeunesse. D’autres, malmenés par la vie – Jack London, Joseph Conrad ou Nikos Kawadias -, connurent avant même d’avoir atteint l’âge d’homme la faim, la disparition d’un père ou la maladie d’une mère. Ceux-là prirent la route pour trouver un travail aléatoire, une nourriture sommaire ou une famille d’adoption, celle de la bohème et des chemins de traverse. De leur périple naquit l’envie de raconter. Il arriva aussi que, partis pour exercer un tout autre métier, ils éprouvèrent le besoin soudain de retracer leur voyage et de livrer leurs émotions : Georges Simenon et Joseph Kessel parcoururent l’Afrique comme journalistes, Pierre Loti et Victor Segalen la Polynésie comme officiers de marine, Romain Gary connut les États-Unis comme diplomate, et Bernard Giraudeau les ports d’Amérique latine comme simple matelot.

Souvent ce furent de grandes passions qui les conduisirent au bout du monde : celle de la mer pour Slocum, Kawadias ou Moitessier, celle des déserts pour Thesiger, celle des steppes pour Kessel ou Bouvier, celle du bouddhisme et de l’Himalaya pour Alexandra David-Néel, ou plus simplement celle de la route pour Kerouac. Tous étaient animés par une pulsion incontrôlable : un désir d’ailleurs irrépressible, l’appel d’un «dehors qui guérit de tout», pour paraphraser Nicolas Bouvier.

Jour après jour, les uns et les autres notaient avec application dans des carnets entoilés ou des cahiers d’écoliers écornés les épreuves qu’ils enduraient, les rencontres qui les bouleversaient, imprégnant leur mémoire de la magie des paysages, de la grâce des visages et de senteurs inconnues. L’invention de la photographie immortalisa leurs expéditions. Le voyage les transformait, ils décrivaient leur métamorphose, cet autre qui naissait en eux.

Quand la réalité restait en deçà de leurs espérances, leur imagination prenait le relais, substituant à une authenticité décevante des aventures hautes en couleur dont ils se persuadaient avec le temps qu’ils les avaient vécues. Peu importe qu’un Pierre Lazareff reproche à Cendrars de n’avoir jamais pris le Transsibérien. Seule compte sa réponse cinglante : «Qu’est-ce que cela peut vous foutre, si je vous l’ai fait prendre ?»

Pas question de blâmer ces raconteurs d’histoires exotiques pour leurs affabulations ou’ leurs entorses à la vérité, puisque au fil de leur plume ils nous transmettent la fièvre qui les gagne. Aucun ne se prétend écrivain-voyageur – un label d’origine anglo-saxonne qui les aurait fait sourire. Les uns voyagent puis écrivent les autres prennent la route pour nourrir leur page blanche. Mais tous ont le même but : nous emmener au bout du monde en empruntant leurs traces ou, plus simplement, comme le conseille Pierre Mac Orlan, en lisant bien assis dans un bon fauteuil leurs récits et romans pittoresques.

Revue de presse

Laurent Maréchaux suit les traces des écrivains voyageurs tels que Stevenson, Conrad, Bouvier, London et bien d’autres encore…
En une vingtaine de beaux portraits à hauteur d’homme, joliment illustrés, Laurent Maréchaux endosse avec élégance l’habit du compagnon de route. (Emmanuel Hecht – L’Express, novembre 2011 )

Un ouvrage signé Laurent Maréchaux met à l’honneur les écrivains voyageurs. Auteur et baroudeur, de l’Afghanistan au cap Horn, Laurent Maréchaux rend hommage à ces écrivains qu’il a découverts dès l’enfance. Dans une galerie de portraits, il raconte les parcours de ses héros. (Jean-Michel Barrault – Lire, décembre 2011 )

A propos de l’auteur

Laurent Maréchaux, né le 13 octobre 1952 à Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne), est un écrivain français. Grand lecteur, grand voyageur, marin à ses heures et romancier, il a publié Hors la loi anarchistes, illégalistes, as de la gâchette…

Ce livre de référence sera disponible à partir du 24 septembre en version « Classiques Illustrés » à prix réduit. A dévorer d’urgence !

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Fondateur du site Un Monde d'Aventures, je suis un passionné des grands espaces sauvages et des mondes polaires. J'ai réalisé plusieurs raids autonomes au Groenland et en Laponie. J'aime partager ma passion à travers ce site. Voir tous les articles écrits par François - En savoir plus sur François

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